18 janvier, 2006

» Les matchs legendaires du football francais (2/10)

Auxerre-Dortmund (20 avril 1993)

Au Stade de l'Abbé-Deschamps, devant 18.500 spectateurs déchaînés, ce match retour de demi-finale de la Coupe de l'UEFA restera comme le France-RFA des clubs.

15 jours plus tôt, on revait encore d'une finale AJA-PSG mais Dortmund et la Juve en décideront autrement........

Au match aller, les allemands s'imposent 2-0 : le challenge est grand pour atteindre la première finale de l'histoire européenne de l'AJA.


Article de l'Equipe du 21 avril 1993

C'est trop injuste

Formidables pendant 90 minutes, les Auxerrois ont été contraints à une prolongation terrible. Il y a eu un expulsé de chaque côté, des occasions bourguignonnes, mais pas de réussite. Même les penalties sont allés au bout de l’horreur et au sixième tir, Mahé, pitié pour lui, a craqué.
Bon, allez ! On ne peut rien leur reprocher. A ce stade de la compétition, il ne faut pas pleurer. Pleure pas Mahé, on t’en supplie ! C’est arrivé aux meilleurs. Bien sûr, la déception est immense après tout ce que vous avez prouvé tout au long de cette belle aventure européenne. Alors, on ne peut vous dire qu’une seule chose : merci. Vous êtes tombés les bottes au pied comme on dit au Far West. D’ailleurs, le public ne vous en veut pas et vous réclame un tour d’honneur. Et puis, vite, refaites-nous une farce européenne comme celle-ci le plus tôt possible.
Jamais le petit stade n’avait crié si fort. Auxerre attaquait son match historique le couteau entre les dents puisque dès la 2e minute, un tacle de Guerreiro permettait à Martins de lancer Vahirua sur la gauche. Débordement réussi du Tahitien qui centre, remise de la tête derrière lui de Martins pour Mahé dont le tir de l’extérieur était malheureusement contré. Deux minutes plus tard, Vahirua, très tacleur en ce début de match, donnait à Martins qui servait Dutuel dans la surface. Mais Zelic interceptait proprement le ballon dans les pieds de l’Auxerrois menaçant. Ces excellentes initiatives allaient -ô joie- s’avérer tout à fait concluantes dès la 7e minute puisqu’une longue ouverture millimétrée de Dutuel parvenait à Martins qui, dans l’axe, contrôlait de la poitrine, récupérait le contre qui s’en suivait et du gauche battait Klos !

Martins lance la charge

Le film ne pouvait pas mieux commencer ! Le Borussia sentant vaguement le match déjà lui échapper choisit alors d’investir le camp auxerrois en s’appuyant bien sûr ce qu’il a de meilleur : Chapuisat qui provoquait quelques coups francs mais, bon, pas de quoi inquiéter Charbonnier sauf un tir de Karl qui passait cependant à gauche (17e). Mais la menace se fit plus pressante deux minutes plus tard lorsqu’un bon redoublement de passes Rummenigge-Karl s’achevait par un tir de Chapuisat à l’entrée de la surface : au-dessus. Physiquement, les Jaune et Noir répondaient présent et l’on se disait alors que les Auxerrois avaient bien fait de réduire rapidement leur handicap de moitié.
Le match montait d’un cran en intensité. Charbonnier se fendait d’un premier et superbe sauvetage sur un tir très violent de Rummenigge (23e). Alors, les occasions se faisaient rares : un tir de loin de Karl (27e) bien stoppé par "Yoyo", un autre d’encore plus loin signé Martins complètement à gauche (30e). Un corner pouvait-il éclaircir le problème auxerrois ? On crut bien celui de Martins fort dangereux (33e) mais Klos, acrobatiquement, sortit le ballon au-dessus de la tête d’un Prunier hyper menaçant. Cinq minutes plus tard, Auxerre manquait le break sur une action superbe. Vahirua élimine Schulz et sert Dutuel. Sur son contrôle, ce dernier fait une différence extraordinaire et redresse son ballon sur la barre. Quelle déveine ! Mais cette action avait le mérite de prouver que l’AJA pouvait décidément réaliser l’exploit même si un sauvetage limite de Prunier dans les pieds de Rummenigge ne donnait un frisson que M. Hitzfeld enlevait bien vite en ne sifflant rien (39e). Il fallait absolument que les Bourguignons rentrent aux vestiaires ave leur petit but d’avance. Une tête de Schmidt sur corner de Schulz inquiétait vaguement (41e). Une montée du libero Zelic aussi (43e). Mais Charbonnier veillait. Quant à cette talonnade de Chapuisat pour Zorc (44e), elle fut superbe mais tout s’achevait correctement. Dommage que Martins ait tiré un bon coup franc aux dix-huit mètres dans les bras de Klos juste avant.

Le frisson Chapuisat

Désormais, il fallait bien sûr en mettre un autre. Pour gagner du rab, un rab peut-être merveilleux. Trois corners se succédaient sans aucun danger pour Klos. Ce serait pour plus tard peut-être… Mais quand ?
Le but, on le crut bel et bien allemand à la 53e minute sur un contre favorable. Chapuisat se joua conjointement de Mahé et de Goma. Il allait marquer, le Suisse, c’est sûr. Sur son tir pas de doute, dix huit mille spectateurs soufflèrent alors sur le ballon jusqu’à ce que celui-ci effleure le poteau gauche de Charbonnier qui était tout ce qu’il y a de plus battu. Une fois de plus, on se disait alors que rien, décidément rien ne pourrait arriver à ces Blancs-là.
Pourtant, il fallait bien se créer quelques occases et ces occasions tardaient à venir. Enfin, à la 57e minute, sur un mouvement amorcé par un Dutuel déchaîné, Baticle frappait solidement. L’arrêt de Klos était peu orthodoxe mais efficace. Le corner qui s’en suivait ne donna rien si ce n’est une belle pagaille dans la surface jaune et noire. Si le destin devenait crispant, il faut bien avouer cependant que la rencontre restait très âpre, haletante, parfois superbe. Exemple : Dutuel crochetait et tirait lourdement (60e) mais Klos montait une fois de plus la garde. Il restait à présent vingt minutes : c’est le moment que choisit Vahirua pour déposer sur coup franc le ballon sur la tête de Verlaat ! But, liesse et palpitant à fond la caisse. Auxerre avait fait tout son retard. Vous entendez, tout ! Et l’on faillit bel et bien péter les plombs lorsque sur un centre de Baticle (73e) Cocard s’allongea pour pousser le ballon au fond du but allemand. Mais un Jaune et Noir s’allongea aussi et le score restait à ce 2-0 terrible, haletant. "Coc" avait manqué le K.-O. définitif, la balle de match ! Ainsi, on avait droit à une prolongation que l’on souhaitait légendaire.
La prolongation sera grosso modo une partie de dix contre dix à cause des expulsions. Et l’on allait s’en remettre alors finalement à "Yoyo" Charbonnier sur les épreuves de coup de pied au but. Malheureusement, il faut croire que les Allemands ne ratent jamais un penalty et c’est le pauvre Mahé, qui a vécu tant de malheurs ces derniers mois, qui échouait à la sixième tentative.
Auxerre venait de connaître son Séville.


Evolution du score

Auxerre 1 - 0 Dortmund : Corentin Martins (7e)
Auxerre 2 - 0 Dortmund : Frank Verlaat (71e)

Les compositions d'équipe

Auxerre : Charbonnier, Goma (Saïb 100'), Prunier, Verlaat, Mahé, Guerreiro (exp. 106'), Dutuel, Martins, Cocard, Baticle (Laslandes 106'), Vahirua. Entr. : Guy Roux
Borussia Dortmund : Klos, Schmidt, Schulz, Zelic (Grauer 104'), Kutowski (exp. 98'), Lusch (Mill 74'), Zorc, Karl, Reinhardt, Rummenigge, Chapuisat. Entr. : Hitzfeld


Résumé du match en vidéo



Remerciements à l'excellent site Histoaja pour l'article et la vidéo.



La série
1/10 : Bordeaux-Milan AC 1996
2/10 : Auxerre-Dortmund 1993
3/10 : Barcelone-Metz 1984
4/10 : France-RFA 1982
5/10 : Les France-Brésil

4 Comments:

Anonymous Anonyme nous racontait...

pourquoi nous parler d'une défaite (sublime, certes !) alors qu'au tour précédent, l'AJA avait sorti l'Ajax dans un match de folie (4-2) ? J'en ai marre du syndrome de Glasgow du sport français qui consiste à transformer les poteaux carrés en défilé sur les Champs...

Pour la suite de la série, je suggère donc une belle victoire, par exemple PSG - Real (93) avec la feinte de frappe du siècle de Valdo sur Ricardo Rocha !

22 janvier, 2006 04:16

 
Anonymous Anonyme nous racontait...

Alors là entièrement d'accord ! La feinte est belle, mais Ricardo Rocha n'était pas le summum à l'époque, il l'avait prouvé durant tout le match. Mais ce but de Ginola... piouf. Ricardo, Valdo, Weah, Bravo pour Ginola... Et dans le même style, on pourrait revoir les buts de Bordeaux face à Milan par exemple, ou ceux du PSG contre Barcelone...

23 janvier, 2006 12:41

 
Anonymous Anonyme nous racontait...

Rocha était quand même titulaire dans l'équipe nationale du Brésil. Je t'accorde qu'il était en fin de carrière, mais c'était pas exactement ce qu'on peut appeler un tocard (genre El Karkouri par exmple). Pour les buts de Bordeaux contre Milan, tu les as un peu plus bas...

23 janvier, 2006 12:58

 
Blogger Kerneck nous racontait...

Pourquoi parler de cette défaite? Parce que c'est le plus beau de match de l'AJA, c'est tout. Le quart contre l'AJAX (et pourtant j'y étais...)n'était que l'aller, donc moins d'émotions, moins d'enjeu... Celui là aurait du nous emmener en finale et nous avions notre chance contre la Juve!! Elle aurait été sacrément bougée à l'Abbé Deschamps en tout cas, avec cette équipe là!!
Il y a un montage video sur ce match qui tourne sur le net et chaque fois que je le vois j'ai encore les larmes aux yeux...
Il y avait tout : du suspens, de l'héroisme, de l'engagement, un immense frisson que seul un supporter peut connaitre, et un drame absolu à la fin.
Fin du match, fin du film...c'était beau...snif.

27 février, 2008 21:24

 

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